Si cette période semble être réjouissante pour certains enfants, les parents ne l’attendent pas avec impatience. En effet, septembre sonne avec charge mentale de la rentrée ! À en croire les études menées par les entreprises GoStudent et Kantar, les parents français sont parmi les plus impliqués d’Europe en ce qui concerne la scolarité de leurs enfants, mais aussi les plus stressés (87%). Pourquoi la charge mentale est-elle si lourde et comment mieux la gérer ? Réponses.
Sur qui pèse la charge mentale de la rentrée ?
Cette liste permanente de choses à faire qui tournent en boucle dans la tête vous parle forcément ! Penser à acheter les fournitures scolaires, anticiper l’inscription à la cantine et les activités extra-scolaires peut parfois être complexe. C’est ce qu’on appelle la charge mentale.
Définition de la charge mentale
En 1984, la sociologue Monique HAICAULT définit la charge mentale comme le fait de « devoir penser simultanément à des choses appartenant à deux mondes séparés physiquement ». Plus récemment, Le Larousse a officiellement donné une définition de la charge comme un : « un poids psychologique qui fait peser (plus particulièrement sur les femmes) la gestion des tâches domestiques et éducatives, engendrant une fatigue physique et, surtout, psychique ».
Ce travail invisible et permanent nous interroge sur les lourdes conséquences sur la santé des mères. Si les signaux envoyés par le corps sont étouffés, ils peuvent conduire doucement les mères à développer des troubles physiques (maux de ventre, insomnies, migraines…) ou psychiques (tel que le burn out maternel).
À quoi est due cette différenciation genrée ? On se demande ! Depuis toujours, les femmes sont conditionnées pour tenir leur rôle de mère. Elles s’occupent du foyer et des membres qui le composent. Les hommes quant à eux subviennent aux besoins de la famille et participent à des tâches plus masculines…
Les femmes en première ligne
Les tâches domestiques et parentales ayant longtemps été confiées aux femmes, la société a conservé ce modèle, en enfermant les hommes et les femmes dans un rôle distinct et inégal. En effet, les femmes continuent aujourd’hui à gérer en majorité leur foyer. A titre d’exemple, elles consacrent 2,5 fois plus de temps aux tâches ménagères par rapport aux hommes !
Cette répartition inégalitaire entraîne à son tour un déséquilibre en termes de gestion de la charge mentale. En effet, celle-ci touche 8 femmes sur 10. Ce qui est important de comprendre c’est que la charge mentale de la rentrée des classes s’ajoute à toutes les autres (domestique, parentale…).
Parce qu’elle s’ajoute à une charge déjà existante, les parents sont en proie à l’ambivalence. D’une part, ils sont tiraillés entre le stress et l’appréhension à l’approche de la rentrée et d’autre part, ils peuvent parfois être impatients à l’idée de reprendre le rythme habituel après 2 mois passés avec leurs enfants.
Par ailleurs, selon une étude IFOP les femmes finiraient l’été encore plus épuisées. De fait, elles ont géré l’essentiel des tâches domestiques et parentales sur leur lieu de vacances et se retrouvent à devoir organiser maintenant la rentrée. L’étude révèle ainsi que le partage inégalitaire des tâches domestiques observé toute l’année se prolonge… À la veille de rentrée, la plupart des femmes (70%) se trouvent dans un état physique et psychologique plus dégradé que leur conjoint (57%).
Les causes qui expliquent le stress de la rentrée
Chaque année, c’est la même rengaine ! On pourrait penser (à force) que l’on s’y habitue. Alors pourquoi les parents sont-ils si stressés ?
Les 3 facteurs principaux
- l’entrée dans une classe supérieure : 33% des parents sont inquiets par l’avancement de leur enfant dans leur scolarité ; une inquiétude encore plus prononcée pour les passages symboliques vers le CP, le collège ou le lycée.
- la reprise du rythme effréné : parents et enfants ont goûté pendant quelques semaines à une vie douce loin de la course contre la montre. À l’approche du mois de septembre, la charge mentale de la rentrée resurgit avec les démarches administratives, la gestion des activités extra-scolaires et de tout ce qui s’ensuit (inscriptions, organisation des emplois du temps…). Et ce n’est pas tout ! La rentrée scolaire rime aussi avec le retour des routines (préparation des habits de la veille pour le lendemain, coucher à l’heure, trajets maison/école, gestion du cartable…).
- la gestion des devoirs et des repas : dans la continuité de ce quotidien à mille à l’heure, les parents doivent aussi se réadapter à la seconde journée qui les attend après leur journée de travail. Les tâches ménagères et autres joyeusetés de la vie parentale augmentent de façon considérable leur charge mentale.
Les facteurs inhérents à la scolarité
En parallèle de ces facteurs, la réussite scolaire est une autre source de stress. Celle-ci pèse également sur les parents qui se sentent aussi bien responsables de l’échec comme de la réussite de leurs enfants. En effet, les parents se questionnent sur le niveau de leurs enfants dans toutes les matières et plus particulièrement dans celles où ils éprouvent des lacunes.
La question se pose d’autant plus si l’on tient compte de la conjoncture instable du monde scolaire, liée à la crise Covid qui a impacté la scolarité des enfants. Pénurie des professeurs, fermetures de classes… au regard de l’état de l’école publique, les parents ont des raisons légitimes de s’inquiéter !
Comment alléger la charge mentale de la rentrée ?
Quelles sont les pistes à envisager et mettre en œuvre pour aborder sereinement la rentrée ? Elles ne s’adressent pas essentiellement aux femmes mais aussi et surtout aux co-parents !
- déléguer quand c’est possible : soyons honnêtes à qui déléguer l’organisation de la rentrée ? Si cela semble utopique de s’en décharger complètement, il est en revanche possible d’échelonner tout au long de l’été les tâches à faire.
- oser faire appel à son entourage (grands-parents, tantes/oncles…) : pour préparer la rentrée, pensez à faire garder vos enfants pour anticiper l’achat des fournitures scolaires et éviter de vous retrouver dans le rush… et dans la foule !
- faire garder son enfant dans un centre aéré/colonie de vacances ou lui faire suivre un stage d’été (sans culpabiliser c’est encore mieux !) pour prendre du temps pour vous. Oui pour vous ! Vous gérez constamment la vie de toute la famille, prendre soin de vous est essentiel pour faire une pause dans ce tourbillon !
- partager équitablement les tâches au sein du couple : cet équilibre est propre à chacun, l’important étant de ne pas se sentir lésée et avoir à porter seule cette charge mentale.
- faire parfois le minimum et s’en contenter : comme dirait le dicton “mieux vaut fait que parfait”. Il faut accepter de faire des erreurs et faire le deuil du parent idéal. Personne ne l’est après tout 😉
- se créer des routines qui facilitent le quotidien : l’idée ici est de trouver des astuces qui vous correspondent (planifier, faire des listes, faire les courses 1 fois par semaine, se lever avant les enfants, faire appel à une aide-ménagère ou à une nounou qui chercherait les enfants, batchcooking…) pour vous aider à alléger votre charge mentale.
- ne pas attendre la rentrée pour se caler sur le rythme de l’école : instaurez doucement un nouveau rythme pour vous préparer à la rentrée (manger à l’heure, se coucher plus tôt, appliquer des horaires fixes…).
- faire participer les enfants : une bonne façon d’impliquer et responsabiliser tous les membres de la famille et transmettre aux enfants un modèle parental plus égalitaire.
- diminuer sa pression en tant que parent : plus vous êtes stressée, plus votre enfant le sera. Préparez-vous psychologiquement à la rentrée et parlez de la reprise de l’école à votre enfant pour vous projeter ensemble sereinement.
Les enjeux liés à la charge mentale de la rentrée
La rentrée est une période anxiogène en raison du nombre de tâches qui se décuplent. C’est souvent un cumul, car la rentrée scolaire s’ajoute à la charge mentale domestique et à la reprise du travail. Un vrai marathon !
Le thème de la charge mentale de la rentrée est un sujet intimement politique, puisqu’il pose la question de l’inégalité hommes-femmes concernant la répartition des tâches au niveau du couple. Il nous appartient donc de contrebalancer ces situations de déséquilibre qui précarisent les femmes.
Enfin, ce sujet nous interroge aussi sur les défis autour de la scolarité et de la pression vécue par les parents en termes de réussite et de comportements à adopter.
Article superbement écrit, argumenté, dicumenté.
Un plaisir à te lire.
Bravo à toi.