Au cours de votre vie, vous avez sûrement entendu parler de l’un de ces deux syndromes… Appartenant à la famille du stress, le burn out est aujourd’hui un vrai sujet de société. De nature parentale ou professionnelle, il résulte d’un déséquilibre prolongé entre les ressources d’un individu et son exposition au stress. L’importance de comprendre la différence entre le burn out parental et professionnel est cruciale pour venir en aide aux personnes concernées.. L’objectif de l’article est donc de vous éclairer sur les caractéristiques distinctes de chaque type de burn out. 

Quels sont les mécanismes du burn out parental et comment un parent bascule-t-il dans l’épuisement ?

Définition du burn out parental 

Le burn out parental ou syndrome d’épuisement parental, touche les parents en situation de détresse et de stress chronique. À tout moment de la vie et quel que soit l’âge de l’enfant, ce trouble peut survenir. Sur les 900 000 parents touchés, les mères très investies dans leur rôle en sont les principales victimes. Il est important de souligner que le burn out parental est multifactoriel. Autrement dit, une cause isolée ne peut pas expliquer à elle seule la survenue de ce trouble.

Causes du burn out parental

Dans une société rythmée par la performance et les injonctions, les parents vivent constamment sous pression. S’ajoutent à cela les attentes irréalistes et les désillusions liées à la parentalité. 

Enclin au perfectionnisme, les parents victimes de burn out donnent tout pour leurs enfants, quitte à s’oublier eux-mêmes. Ce perfectionnisme se manifeste aussi par la volonté de contrôle et un excès d’autorité. De plus, ces parents ont souvent du mal à exprimer leur besoin et manquent de soutien. Au fur et à mesure, ces difficultés causent un stress important conduisant lentement les parents vers l’épuisement…

L’épuisement parental se manifeste lorsqu’un parent se retrouve exposé de façon prolongée à un stress parental. Dans ces situations, les stresseurs dépassent largement les ressources dont dispose le parent. C’est là que le parent sombre… 

 Symptômes du burn out parental

Selon les spécialistes Moïra Mikolajczak et Isabelle Roskam, le burn out parental est caractérisé par la combinaison de 4 dimensions : 

• un épuisement physique et émotionnel en lien avec l’enfant ;
• une distanciation affective envers l’enfant ;
• une saturation et perte de plaisr dans le rôle de parent ; 
• un phénomène de contraste par rapport au parent qu’on a été.

À ces symptômes primaires, peuvent s’ajouter des symptômes physiques tels que la fatigue, la perte d’énergie, les troubles du sommeil, la perte/prise de poids… Sur le plan affectif, le parent souffre d’anxiété et de culpabilité. Il peut également être d’humeur dépressive, rempli d’un sentiment de désespoir et d’impuissance. L’irritabilité/la colère peut aussi le traverser tout comme les pensées suicidaires. Sur le plan cognitif, le burn out parental est caractérisé par des difficultés de concentration et pertes de mémoire.

Conséquences du burn out parental

Le burn out parental peut mener à de lourdes conséquences. Car il touche le parent lui-même mais aussi l’enfant et le couple ! Sur le parent, l’épuisement parental peut être à l’origine de problèmes de santé liés au stress. L’état d’épuisement peut conduire le parent à des comportements de négligence et de violence envers l’enfant. Au sein du couple, le burn out parental peut semer la discorde et rompre l’harmonie au sein d’un couple et mener à la séparation…

Le burn out parental et professionnel appartiennent à la même famille. Mais fonctionnent-ils de la même façon ?

Le burn out professionnel

Les mécanismes du burn out professionnel sont-ils les mêmes que le burn out parental ? Qui sont les populations les plus exposées ? 

Définition du burn out professionnel 

Également appelé syndrome d’épuisement professionnel, il résulte d’un investissement prolongé dans des situations de travail récurrentes et exigeantes sur le plan émotionnel. Ce syndrôme apparaît lorsqu’un individu se trouve durablement confronté à un stress professionnel chronique, sans ressources suffisantes (moyens, soutien, reconnaissance…). Le burn out se traduit alors par un épuisement physique, émotionnel et mental. 

Qui touche-t-il ? 

Le burnout touche les personnes qui ont de fortes attentes envers leur travail. Ce sont des individus qui accordent une grande importance au travail et au sens donné à celui-ci. Selon le sondage réalisé par Empreinte Humaine et Opinion Way, la détresse psychologique toucherait 41 % des salariés, dont 14 % à un taux élevé.

Les derniers éléments chiffrés prouvent que le taux de burn out est particulièrement inquiétant. Puisque 34 % des salariés français seraient en burn-out, et parmi eux 13 % en burn-out qualifié de « sévère » (soit plus de 2,5 millions de salariés). 

Il est important de souligner que le niveau de burn out professionnel est 3 fois plus important qu’avant la crise du Covid 19. Selon cette même enquête, les populations les plus exposées aux problèmes de santé psychologiques sont les femmes, les moins de 29 ans et les managers.

Causes du burn-out professionnel

L’évolution des conditions et des organisations de travail est associée à une prévalence croissante des facteurs de risque psychosociaux. De nos jours, les salariés ont des attentes importantes concernant la qualité de vie au travail et au respect de leurs valeurs. 

En effet, l’environnement de travail joue un rôle majeur dans leur épanouissement. Les conditions de travail, les relations avec les supérieurs, la conciliation vie privée/ vie professionnelle sont autant d’éléments qui entrent en ligne de compte.

Symptômes du burn out professionnel

Selon la psychologue américaine Christina Maslach, le burn out professionnel est un processus de dégradation du rapport subjectif au travail. À l’instar du burn out parental, le burn out professionnel se caractérise, par 3 dimensions : 

• épuisement physique et émotionnel en lien avec le travail : être complètement vidé de ses ressources à cause d’une exposition continue aux facteurs de risques psycho-sociaux.
• cynisme et dépersonnalisation des bénéficiaires de son travail : l’attitude de l’individu devient négative, distante, détachée, vis-à-vis de son travail et des personnes (collègues, encadrement, clients…). Progressivement il se désengage de son travail et de la structure dans laquelle il évolue.
• perte d’efficacité et d’épanouissement dans son travail : une dévalorisation de soi, traduisant le sentiment d’être inefficace dans son travail et de ne pas être à la hauteur du poste.

Conséquences du burn out professionnel

Ce syndrome peut se traduire par des manifestations plus ou moins importantes, en rupture avec l’état antérieur :

• sur le plan émotionnel : l’épuisement ressenti peut se manifester par une perte de contrôle et des tensions nerveuses. L’individu peut se sentir triste, manquer d’entrain, être irritable, tendu, hypersensible ou bien ne manifester aucune émotion.
• sur le plan physique : l’individu peut avoir des troubles du sommeil, une fatigue chronique due à un sommeil qui n’est plus réparateur. Il peut aussi ressentir des tensions musculaires, des maux de tête, nausées et vertiges. Il y a parfois une prise ou une perte soudaine de poids observée. 
• sur le plan cognitif : le burnout a des conséquences sur les capacités de traitement de l’information (diminution de la concentration, difficultés à réaliser plusieurs tâches à la fois, à prendre des décisions…). Cela a des conséquences sur son travail (erreurs mineures, oublis…).
• sur le plan comportemental : l’individu peut se replier sur soi ou avoir un comportement agressif, parfois violent, traduisant sa frustration. De plus, il peut éprouver du ressentiment et de l’hostilité à l’égard des personnes qu’il côtoie dans son travail. Des comportements addictifs  (tabac, alcool, tranquillisants, drogues…) peuvent également se manifester.

Similitudes et différences entre le burn out parental et professionnel 

Similitudes

Qu’il soit d’origine familiale ou professionnelle, le burn out touche des personnes très impliquées avec de fortes exigences. En effet, les populations touchées sont des parents prenant leur rôle très à cœur et des travailleurs qui accordent une grande importance à leur travail. En voulant être le/la meilleur.e sur tous les fronts, les individus s’enfoncent petit à petit dans l’épuisement. 

Dans les deux formes de burn out, l’individu se trouve exposé de façon prolongée au stress et à une fatigue chronique. La situation de contraste avec la personne qu’elle était auparavant se rencontre aussi bien pour l’épuisement parental que professionnel. 

On peut également mettre en parallèle la dépersonnalisation du travailleur avec la distanciation envers les enfants. La mise en place de mécanismes de défense tels que l’évitement et le détachement pour survivre au stress prolongé et se protéger est un trait commun à ces 2 troubles. 

Pour finir, les mêmes symptômes affectifs et cognitifs s’observent autant pour le burn out parental que pour le burn out professionnel.

Différences

Bien qu’il ne soit pas considéré comme une maladie en tant que telle dans les classifications de référence (CIM-10 et DSM-5), le burn out professionnel est reconnu comme un syndrome lié à un stress chronique au travail par l’Organisation Mondiale de la Santé. En revanche, le burn out parental n’est pas encore reconnu au sein des classifications. 

Le burn out parental et professionnel se distinguent principalement par l’environnement au sein duquel il s’exerce. D’une part la sphère parentale, avec un parent qui a la charge d’un enfant. D’autre part la sphère professionnelle, où un travailleur doit répondre à un certain nombre de responsabilités professionnelles. Cela signifie donc qu’un individu en burn out parental peut continuer à très bien fonctionner sur le plan professionnel.

Enfin, s’il est possible de démissionner de son travail, il est en revanche impossible de fuir son rôle parental…

Burn out parental et professionnel : le mal du siècle ?

Avec leur casquette de parent, les individus doivent gérer de nouvelles responsabilités alors que le stress provenant du domaine professionnel ne disparaît pas pour autant. Par exemple, les mères qui concilient vie professionnelle et vie familiale peuvent accumuler une fatigue physique et psychique importante, à cause de la surcharge de travail. 

Dépassés, les parents se trouvent alors confrontés à toutes sortes de difficultés, personnelles comme professionnelles, qui leur échappent bien souvent. C’est ce qu’on appelle le burn out mixte : un épuisement à la fois dans la sphère parentale et professionnelle.

L’importance de reconnaître et d’aborder les différences entre le burn out parental et professionnel est essentielle. En effet, elle joue un rôle majeur pour accompagner les personnes touchées dans la prise en charge de leur santé mentale et émotionnelle.

Face au fléau du burn out, il devient nécessaire d’encourager ces personnes à chercher de l’aide auprès d’associations ou professionnels de santé. Enfin, devant un syndrome qui continue de gagner du terrain, il est aussi indispensable de mettre en place des stratégies de prévention adaptées et une vraie politique de santé publique sur le sujet. 

Sources

• https://www.has-sante.fr/jcms/c_2769318/fr/reperage-et-prise-en-charge-cliniques-du-syndrome-d-epuisement-professionnel-ou-burnout
• https://naitreetgrandir.com/fr/chroniques/le-burnout-parental/
• https://www.observatoire-ocm.com/societe/chiffres-burn-out/
• https://empreintehumaine.com/wp-content/uploads/2022/07/BT10-Infographie-1-1.pdf
• https://www.huffingtonpost.fr/vie-de-bureau/article/je-connaissais-le-burn-out-maternel-et-professionnel-j-ai-eu-droit-aux-deux-en-meme-temps_135005.html
• https://travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/Exe_Burnout_21-05-2015_version_internet.pdf
• Le burn-out parental : comprendre, diagnostiquer et prendre en charge (I. Roskam, M. Mikolajczak), Editions De Boeck Supérieur, 2018, 336 pages
• Burn-out professionnel, parental et de l’aidant: Comprendre, prévenir et intervenir, Sous la direction de Moïra Mikolajczak, Emmanuelle Zech, Isabelle Roskam, Editions De Boeck Supérieur (1ere Édition), 2020, 356 pages