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Le burn-out parental: entre épuisement maternel,  stress, et charge mentale du quotidien

Burnout parental
19.09.2022

J’ai découvert la maternité en 2014 lorsque ma fille est née et rapidement j’ai eu conscience que le bonheur que je ressentais allait être teinté d’instants difficiles et stressants…Ce sentiment s’est accentué avec l’arrivée de mon 2eme  enfant en 2019. Peu après les un an de mon fils, Je suis mère et je me sens épuisée presque tout le temps. J’ai longtemps cru  que c’était une fatigue passagère.

Et pourtant c’était bien pire que ça…

Pourquoi suis-je tombée en burn-out? Pourquoi moi?

J’ai du mal à comprendre pourquoi cet épuisement permanent ? Pourquoi d’autres mères s’en sortent parfaitement (ou presque) et moi je tente difficilement de sortir la tête de l’eau depuis que je suis mère. Pourquoi? 

J’ai dû mal à entrevoir la faille dans mon “organisation” familiale. Et pourtant rien avoir avec le manque de planification ou de to-do list ! Le burn-out parental n’est pas un problème d’organisation mais d’accumulation de stresseurs sans ressources suffisantes pour y faire face! Le problème il est là. Et moi effectivement, j’avais comme ressources: mon travail (mon échappatoire), ma famille qui habite à 1000 km de moi, et mon conjoint peu présent aux heures critiques où j’ai besoin de lui pour m’aider avec les enfants. Et c’est tout..

Mais je suis LA MERE donc je donne tout!Normal non?! Mais  progressivement le stress du quotidien pour gérer les enfants va m’envahir, sans même que je m’en rende compte. Des mois de souffrances, de stress, de tristesse et de colère aussi. Et malheureusement j’oublie d’exister…Je vais alors me consumer jusqu’à sombrer très fort dans un burn-out qui va venir tout bouleverser..

Les stresseurs et l’absence de ressources…

Je suis maman de 2 enfants, conjointe d’un officier militaire.

C’est une épreuve de devoir tout gérer (ou presque). C’est assez tabou de le dire et de s’en plaindre mais c’est ma réalité. Le prestige du grade et des fonctions qu’occupent mon conjoint fait que les gens s’imaginent bien souvent qu’on est forcément heureuse tous les jours de gérer la base arrière, alors que bien souvent on le fait par amour et parce qu’on a pas le choix!

Nous déménageons tous les 3 ans. Mon conjoint fait ce qu’il peut mais par période il est très pris par son travail. Tantôt absent, tantôt de permanence, rentre tard,… bref il est aux affaires! Et moi je me débat pour tout gérer au mieux, c’est mon rôle. Ne pas avoir de répit et gérer TOUT le quotidien de la maisonnée et aller travailler c’est ma mission. C’est le rôle que la société donne aux mères..N’est-ce pas?

J’aime pourtant mes enfants  plus que tout au monde, je ne regrette rien. Mais je pensais pas que j’allais en baver à ce point là. 

Pour certaines mères, c’est juste du bonheur et tout porter ne les dérangent pas et c’est Ok! Mais pour moi ce déséquilibre permanent dans la répartition des tâches me prend les tripes. Et je crois que c’est là le point d’entrée de ma sensibilité au féminisme…

Mon post-partum fut “chaotique”, du moins je l’ai vécu comme tel..

Mes 2 enfants ont souffert de RGO sévère avec intolérance aux protéines de lait de vache et des troubles du sommeil. Alors rapidement je décide de tout donner, de faire au mieux, de les rassurer au maximum, de materner,d’être leur refuge lorsqu’ils souffrent…Plus rien d’autre ne compte, moi y compris. Je suis leur mère! 

 Mon rôle est de penser à tout en permanence sans aucun répit ou presque. ça tourne en boucle dans ma tête, je veux rien oublier, que tout soit parfait. (Le lait, les courses, le goûter, les vêtements, les activités, les rdv chez le médecin, les urgences, l’organisation des vacances,…).La charge mentale est un des facteurs aggravant de mon burn-out j’en suis convaincue. Devoir penser pour les autres et devoir anticiper tout et tout le temps peut avoir des conséquences néfastes sur la santé mentale et physique.

 Et puis pour couronner le tout, je dois être performante au travail et jongler avec toutes les facettes de ma vie: travailler et être mère! La double peine…

Puis nous avons  déménagé à Paris et j’ai trouvé le boulot de mes rêves.

C’était un poste de cadre infirmière chargée de missions auprès de personnes en précarité atteintes de troubles psychiatriques et pathologies chroniques graves. 

Des horaires au top, une équipe bienveillante, jeune et dynamique. Mener à bien des projets, travailler en réseau avec les structures et les associations du secteur pour une meilleure prise en charge des personnes c’est vraiment ce qui m’anime. 

Et pourtant, dès la prise de poste je sens que ça ne va pas. La cause n’est pas le travail. Au contraire, je suis épanouie professionnellement mais je suis fatiguée. Je ne dors pas la nuit depuis plus d’un an à cause des multiples réveils nocturnes de mon fils, et là j’en peux plus! Courir tous les matins déposer les enfants et enchaîner avec le travail je n’y arrive plus. Je l’ai trop fait lors de notre précédente affectation. 

Je ressens comme une faiblesse physique tous les matins. Mes jambes me lâchent, je suis en sueur dans le métro. Bref je n’en peux plus du tout !!!! Être au travail me fait du bien mais ça me coûte d’y aller, je ne sais pas comment l’expliquer. En fait,  je souffre d’un épuisement maternel chronique.

L’arrêt maladie et le diagnostic…

Malheureusement quelques jours après ma prise de poste, je suis arrêtée par mon médecin généraliste pour un épuisement maternel.

Mon corps me lâchait, le mental aussi…J’ai craqué!

Le diagnostic de burn-out parental sera posé un mois après. J’ai pleuré toutes les larmes de mon corps ce jour-là et bien encore après. 

Comment ça pouvait m’arriver? Je me croyais solide, forte…Je suis soignante en santé mentale en plus…Comment c’est possible? Cette question est omniprésente encore aujourd’hui. Mais c’est ça le burn-out parental: c’est sournois et insidieux. Et il n’y a pas vraiment de profil type. Je n’avais plus de ressources, rien pour me raccrocher.

Les derniers mois avant mon arrêt, j’étais une mère exigeante, débordée, exténuée par les nuits difficiles de mon fils depuis plus d’un an.

J’étais préoccupée par sa santé, ses pleurs inexpliqués et sa difficulté à s’alimenter. Et puis il y avait ma grande aussi, je ne voulais pas la délaisser.

J’étais également isolée socialement du fait de nos déménagements successifs, loin de ma famille, une grande difficulté à se créer un cercle d’amis solides et bienveillants…et je n’étais sûrement pas disposés à faire des rencontres amicales.

Au fin fond de moi, j’en pouvais plus, J’étais mère parce qu’il le fallait et je me sentais seule, délaissée notamment concernant les tâches du quotidien qui m’incombaient. J’avais comme la sensation d’être piégée dans cette vie là! Et pour mon entourage proche je semblais être une mère perfectionniste, et qui en demandait trop! J’avais pourtant l’impression d’en faire beaucoup (trop),et de ne rien exiger de personne et de supporter mon sort en silence.

Avec du recul cet arrêt maladie fut un soulagement. Je n’en pouvais plus de ce stress permanent pour gérer les enfants et mon travail. 

Faire semblant d’être forte, heureuse et épanouie prenait le peu d’énergie qui me restait. 

L’élément déclencheur a été la distance affective qui s’est progressivement installée avec mes enfants. J’étais vide d’affects, plus envie de m’occuper d’eux. J’avais par moment du mal à les supporter et encore aujourd’hui j’ai du mal avec ce que j’ai pu  ressentir.J’ai envie d’oublier tout ça mais c’est pas simple.

Lorsque l’on devient maman c’est pour la vie, et le seul mode de fonctionnement que je connaissais, était de serrer les dents…La notion de bonheur et de mère sacrificielle faisait écho en moi à ce moment-là. Et puis j’avais honte d’exprimer tout haut mon désarroi. Qui aurait pu comprendre?! 

Durant cet arrêt de 8 mois, je me suis effondrée physiquement. J’ai beaucoup pleuré, écrit et je me suis remise en question. J’ai questionné mon couple et ma structure familiale. Et sincèrement j’ai eu bien souvent envie de fuir très loin… Pas par manque d’amour mais par saturation de mon rôle de mère, parce que je ne me reconnaissais plus. J’ai eu envie de ne plus être mère le temps d’un week-end pour vivre dans le silence et retrouver ma vie d’avant! J’ose le dire et l’écrire aujourd’hui parce que j’ai pris conscience que le fait de simuler le bonheur m’avait conduit au burn-out maternel,  du moins cela y à fortement contribué. 

Lever le tabou sur le burn-out parental

A travers ce compte je ne prétends pas connaître toutes les clefs pour sortir d’un burn-out parental. Mais je connais celles qui ont fonctionné sur moi!

Je crois que c’est un travail sur le long terme qui doit être débuté avec un professionnel de santé diplômé et qualifié. Nous avons chacun.es notre histoire et donc une manière différente de mobiliser nos ressources et diminuer notre stress.  Ici l’idée c’est d’échanger, vous parler de mon vécu, déculpabiliser les mères qui comme moi sont tombées  en burn-out  et ont eu honte de ce qu’elle traversait.

Je ne suis ni médecin, ni psychologue, mais cadre infirmière. Et la prévention:la sensibilisation  fait partie du cœur de mon métier. JE CROIS FONDAMENTALEMENT QUE LE BURN-OUT PARENTAL EST UN SUJET DE SANTÉ PUBLIQUE DONT ON NE PARLE PAS OU PEU. Il est très souvent confondu avec la dépression du post-partum alors que ça n’est pas du tout la même chose, même si des similitudes existent.

J’ai créé mon compte Instagram (ici) dans ce tsunami émotionnel car j’avais besoin d’extérioriser ce que je vivais, j’avais besoin de savoir si d’autres mères étaient dans mon cas.

J’ai eu envie de partager tout d’abord mon vécu, mes interrogations, mes difficultés. Je ne sais pas vraiment pourquoi mais intérieurement c’était nécessaire.

Et puis rapidement, j’ai eu envie de sensibiliser sur ce trouble encore tabou et déstigmatiser la santé mentale maternelle. Je crois sincèrement que c’est un problème sociétal qui n’est pas assez pris au sérieux.

La pression sociale qui pèse sur les mères est telle que l’on peut souffrir mentalement , physiquement et émotionnellement dans ce rôle si complexe…

La succession d’injonctions sociétales met à terre certaines mères…et rien n’est fait pour les aider. 

Mon parcours professionnel

Étant infirmière D.E depuis Novembre 2005 et titulaire d’un Master I cadre du secteur médico-social en 2016, je fais aujourd’hui  la jonction entre ce qui m’est arrivé et mon métier puisque j’ai toujours exercé dans le domaine de la santé mentale, le handicap, la précarité et la chronicité des pathologies. Et je pense réellement que tout professionnel de santé devrait être formé sur les problématiques des mères, la maternité, le post-partum, la santé mentale maternelle. Notamment pour ne plus passer à côté et mieux prendre en charge les mères.

C’est pour toutes ces raisons que j’ai souhaité compléter mes connaissances et mes compétences  par la formation des 2 chercheuses sur le burn-out parental intitulé: (lien ici). 

Aujourd’hui ma volonté est de partager ma vision de la parentalité sans prétentions aucunes, de parler du burn-out parental et de la difficulté maternelle au sens large. Car OUI certaines mères souffrent en silence au sein même de leur propre foyer, d’épuisement, de stress, d’absence de considération et c’est grave. 

C’est ce cheminement, mon histoire, vos témoignages et quelques conseils que je souhaite  vous partager à travers ce blog et ma newsletter. (inscription ici

 À très vite pour échanger et merci d’avoir pris le temps de me lire!!

Conseils / Ressources en plus : 

  • Pour en savoir plus sur mon histoire tu peux retrouver mon témoignage (ici) sur le blog de “parlons maman”, et l’interview que j’ai fais avec Raphaëlle fondatrice de la miliwife Box,
  • Tu peux retrouver mon témoignage sur le burnout-maternel chez @malo (ici)
  • Un de mes posts instagram a également été republié par le @huffingpost : “ Je ne veux plus d’enfant”. Si tu veux lire l’article clique (ici)

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2 Commentaires

  1. K'varec Angélique

    Très bon site pour mieux connaître les effets du burn out parental

    Réponse
  2. K varec Angélique

    Pour mieux cerner l’effet du burn out parental face à la détresse

    Réponse

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