Sélectionner une page

Charge mentale des femmes : même pendant les vacances d’été !

Burnout parental
22.06.2023

Penser à préparer les valises, anticiper les activités à faire sur place, réserver un logement… À l’approche de la saison estivale, la gestion des vacances peut se transformer en corvée pour la personne qui organise tout. Et devenir une vraie charge mentale ! Dans les foyers, la charge mentale des femmes ne prend jamais de vacances et est responsable d’une importante fatigue psychique qui pèse sur de nombreuses femmes…

Qu’est-ce que la charge mentale des femmes ?

La charge mentale renvoie à l’ensemble des tâches domestiques et éducatives à anticiper et qui tournent quotidiennement dans la tête des femmes. Parmi les nombreux exemples, on peut citer : faire la liste des courses, penser à descendre les poubelles ou à la préparation des repas, prendre les rendez-vous médicaux pour les enfants, vider le lave-vaisselle, penser aux enfants alors qu’on est au travail… 

Dans son ouvrage, la psychiatre Aurélia Schneider insiste sur le fait que « la charge mentale n’est ni un cumul ni une (simple) addition de tâches ; ce n’est pas non plus vivre deux journées en une seule. C’est le fait de coexister dans deux mondes à la fois et pas seulement l’un après l’autre ».

Apparue dans les années 1980, l’expression “charge mentale” est devenue une expression populaire pour désigner l’une des inégalités entre les hommes et les femmes. En France, c’est Emma, l’illustratrice de la bande dessinée “Fallait demander”, qui dénonce ce concept. En effet, les illustrations de la dessinatrice pointent du doigt les hommes qui s’occupent des tâches domestiques seulement si leur compagne le leur demande. 

La BD remporte d’ailleurs un grand succès sur les réseaux sociaux, témoignant d’une réalité qui incombe encore souvent aux femmes. Toujours sur les réseaux, Coline Charpentier, féministe et militante, s’est également emparée du sujet avec son compte Instagram “T’as pensé à”. Ses publications mettent en lumière les témoignages de milliers de femmes et proposent une ouverture au dialogue sur la charge mentale.

En effet, ce sont elles qui continuent d’assumer les deux tiers des tâches domestiques dans les foyers hétérosexuels. Mais alors pourquoi les temps de repos, censés être vécus comme une pause, participent-ils à alourdir la charge mentale des femmes ? 

Préparer les vacances : une charge mentale qui concerne les femmes

En France, on compte 16 semaines de vacances scolaires sur les 52 semaines de l’année… Voilà qu’à peine sorties d’une période de vacances, les mères doivent anticiper les suivantes et toute la gestion qui en découle… Pour la première fois, une étude menée par l’IFOP a permis de mettre l’accent sur la charge mentale des femmes liée aux vacances d’été. En voici quelques chiffres clés.

Équilibre au sein du couple  

L’étude met en avant une répartition inégale des tâches au sein du couple. De fait, deux femmes en couple sur trois (66%) disent en faire plus que leur partenaire dans l’organisation des congés. Si nos messieurs sont censés être disponibles durant cette période, 54% des femmes disent préparer les repas en vacances contre 24% des hommes. De plus, 78% des Françaises préparent les valises des enfants et 75% nettoient leur linge.

Enfin, le fossé est énorme si l’on compare l’investissement des femmes dans les tâches liées au ménage et l’entretien du lieu : 53% des femmes contre 15% des hommes ! Le constat est clair : les vacances semblent être la continuité du quotidien vécu tout le reste de l’année à la maison… Même en congés, les femmes doivent majoritairement continuer à anticiper, préparer et gérer l’ensemble des tâches.

Résultat, les femmes sentent qu’elles sont seules à se soucier de la préparation des vacances et doivent se battre pour inciter leurs conjoints à participer aux tâches ménagères. Ce déséquilibre a ainsi déjà conduit 41% des femmes à se disputer avec leur conjoint.

La difficulté à lâcher prise…

Malgré toute la charge portée sur leurs épaules, toutes les femmes ne sont pas prêtes à laisser leur conjoint faire. Pourquoi ? Depuis toujours, la gestion du foyer et l’anticipation des besoins de la famille sont ancrées dans le genre féminin. Au point que les femmes se sentent prisonnières de l’injonction à l’excellence éducative ou ménagère. Celles-ci peuvent alors ressentir un besoin de contrôle et avoir peur que leur conjoint fasse moins bien.

Parallèlement, certains hommes – les slackers – ont déployé de véritables “stratégies” pour réduire au maximum leur contribution aux tâches domestiques. Dans son ouvrage, la sociologue Laura Carpentier-Goffre s’est penchée sur la question de l’inaction domestique. Parmi les stratégies, on peut citer :

  • la stratégie de l’escargot : laisser traîner ses affaires pendant des jours jusqu’à ce que la femme décide, résignée, par prendre les choses en main.
  • la stratégie du mort : l’homme fait semblant d’être épuisé ou malade au moment de devoir s’atteler à des tâches ménagères (comme par hasard !).
  • la stratégie de l’homme invisible : l’homme ne prend aucune initiative pour effectuer telle ou telle tâche domestique, dans le but de réussir à se faire oublier pour ne pas avoir à y participer.
  • la stratégie du conflit : l’homme provoque le clash avec sa compagne. En voulant évitant les tensions et par peur du conflit, la femme finit par exécuter elle-même les tâches.

Comment les vacances peuvent-elles devenir un enfer ?

De nombreuses raisons expliquent pourquoi les vacances se transforment en véritable calvaire. D’abord certaines femmes témoignent ne pas pouvoir compter sur les grands-parents. Elles doivent donc gérer à elles seules 16 semaines de vacances sans relai !  Les mères ont leurs enfants toute la journée et doivent leur trouver des occupations avec peu de temps pour elles. À la longue, la charge mentale des femmes s’accentue car les journées peuvent devenir longues, répétitives et pénibles.

Dans la préparation des vacances avec les enfants, l’anticipation devient plus importante. Ce sont également très souvent les femmes qui gèrent l’aspect logistique (48% des Françaises se chargent seules du choix de l’hébergement contre 26% des hommes). Dans la logistique, il s’agit aussi d’anticiper les itinéraires, les locations (hébergement, voiture…) et les différents scénarios… Les femmes se transforment en guide de voyage et l’évasion se transforme alors vite en corvée ! 

La charge mentale des femmes ne s’arrête jamais. Conséquence : les femmes ne se sentent jamais en vacances. À cette surcharge mentale, s’ajoute l’inflation et donc la nécessité d’anticiper la réservation des billets et la comparaison des prix. Sur place, les femmes doivent penser à l’heure à laquelle faire manger les enfants et trouver des lieux de restauration abordables (et qui conviennent à tous !).

 Charge mentale des femmes : quelles conséquences ?

Les mères n’osent pas parler de leur fatigue chronique, car elles croient être seules à la subir. Mais il n’y a pas que cette seule fausse croyance… À cause du mythe de la mère parfaite, les femmes sont dans une quête perpétuelle de performance sur tous les fronts (au travail, à la maison, au sein du couple…). En cherchant à donner la meilleure image d’elles-mêmes, elles ne laissent jamais de place à la complainte et s’enfoncent dans l’épuisement maternel.

Par ailleurs, les stratégies des  slackers (l’incompétence stratégique) renforcent ce sentiment d’isolement et peuvent donner l’impression aux femmes d’être manipulées. Conséquence ? Le poids de la charge mentale des femme s’alourdit et nuit à leur bien-être. Quand la charge s’accroît, le stress s’amplifie et devient chronique. C’est ainsi qu’il peut les conduire au burn out maternel.

Au sein de la famille, les enfants sont spectateurs d’un déséquilibre et d’un modèle parental inégalitaire. Exposés à ce quotidien, ces situations contribuent à renforcer les stéréotypes de genres et les discriminations. Notre devoir ne serait-il pas de leur redonner une image plus juste et plus équitable du couple ?

Des pistes vers une égalité des sexes

Pour stopper cette tendance, plusieurs leviers peuvent être activés et permettre aux femmes de ne plus pâtir de cette répartition des tâches inégalitaires :

  • Instaurer le dialogue et la confiance au sein du couple : partager les ressentis afin que les hommes saisissent l’importance du partage des tâches domestiques et des tâches parentales.
  • Gérer sa fatigue avant qu’elle ne devienne pathologique : être à l’affût des signaux d’alerte (fatigue excessive, émotions qui débordent…)
  • Prendre soin de soi pour prendre soin des autres : les mères doivent se trouver du temps chaque jour (30 mn pour prendre un bain, écrire, téléphoner à un proche…).
  • Alléger la charge mentale des femmes : confier les enfants aux accueils de loisirs pour passer du temps de meilleure qualité avec eux, demander de l’aide, se mettre moins de pression par rapport à l’usage des écrans…
  • Déculpabiliser les femmes : elles font ce qu’elles peuvent tout le reste l’année, l’été également !

Sources

Sites internet :

Ouvrages :

  • La charge mentale des femmes, Aurélia Schneider, Editeur Larousse, Collection Essais, 224 pages, 2018
  • L’art de ne pas balayer derrière sa porte : comprendre le répertoire d’inaction domestique des hommes grâce à Christine Delphy, Laura Carpentier-Goffre, Nouvelles Questions Féministes 2022/2 (Vol. 41)

Comptes IG :

 

Dans la même catégorie

Le burnout parental : Et les pères ?

Le burnout parental : Et les pères ?

Le burnout parental touche surtout les mamans (on parle alors de burnout maternel) mais les papas peuvent également souffrir du burnout parental. Ils peuvent s’épuiser autant que les mères à la seule condition qu’ils soient investis tout autant ! Le burnout parental...

Charge mentale de la rentrée : elle est de retour !

Charge mentale de la rentrée : elle est de retour !

Si cette période semble être réjouissante pour certains enfants, les parents ne l'attendent pas avec impatience. En effet, septembre sonne avec charge mentale de la rentrée ! À en croire les études menées par les entreprises GoStudent et Kantar, les parents français...

0 commentaires

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *