Comment imaginer se sentir mal après avoir vécu le plus bel événement de sa vie ? Et pourtant… Après l’accouchement, la mère est traversée par un état de fébrilité physique et émotionnelle. A tel point qu’elle n’a parfois plus l’impression d’être elle-même. Et pour cause, elle entre dans cette période charnière qu’est le post partum. Elle vit alors de profondes transformations identitaires, corporelles et psychiques. Plusieurs troubles peuvent faire leur apparition après la naissance. Quelle est la différence entre baby blues et dépression post partum ? Et qu’en est-il du burn out parental ? Cet article a pour objectif de clarifier ces troubles souvent confondus.
Différence entre baby blues et dépression post-partum
Isabelle Roskam et Moïra Mikolajczak (docteurs en psychologie et autrices de nombreux ouvrages) affirment qu’une prise en charge optimale des mères doit passer par une distinction claire des symptômes associés à ces différents troubles d’apparence similaire. C’est le diagnostic différentiel.
Le baby blues
Souvent confondu avec la dépression post-partum, le baby blues correspond à un état transitoire qui survient durant les 3 jours après l’accouchement. Aux prémices de sa vie de mère, la femme traverse diverses émotions. De l’euphorie à la crise de larmes, cet état est lié à la chute brutale des hormones liées à l’accouchement.
Les mères sont alors en proie à l’irritabilité, la tristesse ou encore au doute. Cependant, les professionnels de santé considèrent cette labilité émotionnelle comme saine dans le passage au statut de mère. Non pathologique et passager, le baby blues est un état normal qui ne nécessite donc pas la prise de traitements.
Le baby blues touche 50 à 80% des femmes qui accouchent (selon le site Ameli). Aussi, certaines circonstances traumatiques peuvent favoriser l’apparition d’un baby blues et expliquer pourquoi certaines femmes se sentent en échec. C’est le cas lors de l’utilisation de forceps, d’une césarienne d’urgence, d’un passage au bloc opératoire…
Ce trouble dure en moyenne dix jours. Toutefois, s’il persiste au-delà de cette période et qu’il s’accompagne de signes plus sévères, on parle alors de dépression post-partum.
La dépression post-partum
Selon le DSM-5, la dépression post-partum est décrite de façon similaire à la dépression. Si les contours de la dépression et de la dépression post-partum sont flous, la particularité importante, comme le soulignent Isabelle Roskam et Moïra Mikolajczak, réside dans le fait que la dépression post-partum touche les jeunes mères. Plus précisément, elle survient au cours des quatre semaines suivant l’accouchement, s’agissant ou non du premier enfant.
Symptômes
En ce qui concerne les symptômes, la femme ressent une humeur dépressive la majeure partie du temps. Celle-ci se manifeste par des pleurs, de la tristesse ou encore une perte de courage. La jeune mère a le sentiment de ne pas être à la hauteur. Ce qui explique alors les mécanismes d’évitement ou de rejet du bébé. À l’humeur dépressive s’ajoute une perte d’intérêt et/ou de plaisir dans les activités du quotidien.
La différence entre baby blues et dépression post partum, c’est que pour cette dernière, le mal-être s’installe durablement. En effet, la dépression post-partum persiste plusieurs mois, pouvant même persister au-delà de la première année de vie du bébé.
Enlisée dans le désespoir, la jeune mère ressent une importante culpabilité et une tristesse permanente… Touchant 10 à 20% des femmes (selon le site Ameli), cette désillusion entre attentes et réalité peut les conduire à se replier sur elles-mêmes. Les mère peuvent aussi être amenées à avoir des comportements agressifs envers elles-mêmes (idées noires ou suicidaires…).
Similarités avec le baby blues
Là où il n’y a pas de différence entre baby blues et dépression post partum c’est au niveau des facteurs traumatiques autour de l’accouchement. En effet, ils peuvent favoriser une décompensation psychique et être à l’origine aussi bien d’un baby blues que d’une dépression post-partum.
Dans certains cas, il arrive que certaines mères et même pères sombrent à cause de leurs difficultés parentales. Jusqu’au point où ils ne parviennent plus à remonter à la surface.
Et le burnout parental dans tout ça ?
L’épuisement parental résulte d’un déséquilibre prolongé entre les ressources parentales et les demandes (ou stresseurs) auxquelles le parent doit faire face. Le parent se retrouve alors durablement confronté à un stress parental chronique.
Dans la théorie d’Isabelle Roskam et Moïra Mikolajczak, la dépression post-partum correspond à un trouble de l’humeur. Ce qui n’est pas le cas du burn out parental. Même s’il peut survenir au cours de la première année de vie, le burn out parental touche aussi les parents d’enfants de n’importe quel âge.
A cause du perfectionnisme parental, les victimes ont du mal à exprimer leurs besoins et se détacher du contrôle. De plus, ces parents ont des attentes irréalistes par rapport à la parentalité et doivent faire face à la désillusion. Profondément affectés sur le plan émotionnel, ils ne se sentent pas suffisamment compris auprès de leur entourage.
Non référencé sur le DSM-4 comme une pathologie, l’épuisement parental correspond à un trouble appartenant à la famille du stress. Se manifestant au sein de la sphère familiale, le burn out parental se caractérise par 4 phases singulières :
Et le burnout parental dans tout ça ?
L’épuisement parental résulte d’un déséquilibre prolongé entre les ressources parentales et les demandes (ou stresseurs) auxquelles le parent doit faire face. Le parent se retrouve alors durablement confronté à un stress parental chronique.
Dans la théorie d’Isabelle Roskam et Moïra Mikolajczak, la dépression post-partum correspond à un trouble de l’humeur. Ce qui n’est pas le cas du burn out parental. Même s’il peut survenir au cours de la première année de vie, le burn out parental touche aussi les parents d’enfants de n’importe quel âge.
A cause du perfectionnisme parental, les victimes ont du mal à exprimer leurs besoins et se détacher du contrôle. De plus, ces parents ont des attentes irréalistes par rapport à la parentalité et doivent faire face à la désillusion. Profondément affectés sur le plan émotionnel, ils ne se sentent pas suffisamment compris auprès de leur entourage.
Non référencé sur le DSM-4 comme une pathologie, l’épuisement parental correspond à un trouble appartenant à la famille du stress. Se manifestant au sein de la sphère familiale, le burn out parental se caractérise par 4 phases singulières :
- épuisement physique et émotionnel ;
- distanciation physique avec ses enfants ;
- phénomène de contraste ;
- saturation dans le rôle de parent et perte de plaisir.
Le burnout parental est à l’origine de lourdes conséquences sur le parent lui-même (en proie à des problèmes de santé divers liés au stress). Il a également des conséquences sur l’enfant (au cœur de violences verbales ou physiques) ainsi que sur le couple.
Comme la dépression post-partum, le burn-out parental peut également toucher les pères s’ils s’investissent autant que les mères avec leurs enfants.
Différence entre baby blues et dépression post-partum : comment s’en sortir ?
Les professionnels jouent un rôle essentiel pour vous soutenir dans votre rôle de (futur) parent. Ils sont là pour vous aider à traverser vos difficultés. Alors, pour éviter autant que possible ces scénarios, voici quelques pistes non exhaustives pour prévenir ces troubles.
Durant la grossesse
- bénéficier de l’entretien prénatal ;
- s’informer sur les difficultés courantes de la vie de parent ;
- assister aux séances de préparation à la naissance et à la parentalité ;
- trouver des personnes ressources : praticien de ville, sage-femme, psychologue, infirmière (libérale ou de la maternité), relai PMI…et les CMP. Pour plus d’informations, consultez le site Association Maman Blues. De plus, sur le site burnoutparental.com, vous pouvez consulter la liste des professionnels formés.
- …
Pendant le post-partum
- bénéficier de l’entretien postnatal (entre la 4e et la 8e semaine après l’accouchement) ;
- demander un suivi à domicile par une sage-femme (jusqu’au 12e jour de l’enfant) ;
- repérer les signaux de dépression post-partum en remplissant le questionnaire en ligne : www.1000-premiers-jours.fr ;
- faire appel à une doula ou une accompagnante périnatale ;
- s’orienter vers les unités parent/enfant : il en existe une vingtaine en France et sont dédiées aux hospitalisations longues mère-bébé (www.marce-francophone.fr) ;
- décider de vous faire aider auprès d’un professionnel de santé qui peut vous prescrire au besoin des traitements médicamenteux ;
- rompre l’isolement en intégrant des groupes de paroles ou des lieux d’accueil parents-enfants (LAPE) ;
- se rapprocher des différents professionnels cités au-dessus pour rester bien entouré ;
- télécharger l’application Dr Mood Parents. Elle vous permet de faire le point sur votre situation parentale et accéder à un programme de coaching parental personnalisé ;
- connectez-vous à l’application May Santé qui répond à vos interrogations, grâce à l’expertise de professionnels de santé spécialistes de la petite enfance et la périnatalité.
Sources
Sites
- Le diagnostic différentiel : https://dial.uclouvain.be/memoire/ucl/fr/object/thesis%3A8656
- Ameli : https://www.ameli.fr/assure/actualites/baby-blues-et-depression-post-partum-un-entretien-de-prevention-desormais-obligatoire
- Association Maman Blues : https://www.maman-blues.fr/
- Site officiel sur le Burn out parental : https://www.burnoutparental.com
Ouvrages
- Le burn-out parental : l’éviter et s’en sortir (I. Roskam, M. Mikolajczak), Editions Odile Jacob, 2020, 192 pages
- Le burn-out parental : comprendre, diagnostiquer et prendre en charge (I. Roskam, M. Mikolajczak), Editions De Boeck Supérieur, 2018, 336 pages
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