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Mère au foyer : Témoignage d’un burnout maternel

Témoignages
24.03.2023

Je suis mère au foyer de 4 enfants et mon mari travaille minimum dix heures par jour. Nous sommes ensemble depuis 23 ans. Nos enfants ont 17, 13, 5 et demi et 3 ans, dont les 2 du milieu, sont là grâce à la PMA. Le dernier est un petit miracle et nous avons 3 petites étoiles qui brillent dans le ciel. Au début de l’année dernière, mon médecin m’a diagnostiqué un burn out maternel. J’étais épuisée physiquement et émotionnellement. Mon corps m’envoyait des signaux d’alarme depuis des mois, des années même, mais j’étais tellement engloutie par le quotidien que je n’y étais pas attentive. Voici mon histoire.

La réalité du quotidien d’une maman au foyer

A-t-on véritablement conscience de tout ce que les mères au foyer accomplissent chaque jour ? Qu’en est-il de l’image qu’elles ont d’elles-mêmes ?

Un dévouement total pour le foyer

Pendant des années, je gère l’intégralité de la maison et de l’intendance seule. Vous savez bien : les courses, le ménage, les activités extrascolaires des enfants… Je suis donc sur tout un tas de fronts à la fois avec mes enfants (dont un nouveau-né allaité) puis le chantier où je dois aller très souvent pour les artisans. Mon mari a déjà, à ce moment-là, une charge de travail très importante. 

Je cours aussi de rendez-vous en rendez-vous pour mon fils aîné diagnostiqué HPI. Je tiens ma maison sans jamais faire de pause, sans m’autoriser à laisser mes enfants à la cantine 1 jour par semaine ! Ben oui, je suis à la maison, c’était impensable !

À peine sortie de la maternité pour ma troisième fille, je reprends mon rôle de maman à temps plein en voulant toujours donner le meilleur pour mes enfants. À cette période, je suis formatée à penser qu’être mère c’est justement ça. Courir partout, tout assumer, encaisser les réflexions toujours plus violentes les unes que les autres quant à mon statut et les jugements incessants.

… mais une image encore dévalorisée !

Résultat ? Je m’épuise sans m’en rendre compte. Je commence à beaucoup me dévaloriser avec la sensation de ne pas avoir de valeur pour quoi que ce soit. Une mère au foyer ? Mais qu’est-ce que ça peut bien avoir d’intéressant à raconter ou partager ?! Je n’ai pas de salaire à la fin du mois, ça fait de moi une profiteuse à la charge de mon mari et une fainéante qui ne travaille pas ! 

Mon fils aîné va mal et je me sens une bien trop mauvaise mère… ce à quoi s’ajoute tous les innombrables sentiments de culpabilité (mauvaise épouse, mauvaise femme…). Je m’interdis de me plaindre sous prétexte que je m’étais battue dans mon parcours PMA. À mon grand étonnement mon couple, lui, tient le coup mais aujourd’hui encore je ne sais pas comment… 

La descente longue et insidieuse d’une mère au foyer en burn out

Quels ont été les éléments de basculement et les stresseurs à l’origine du burn out de cette mère au foyer ?

La pression liée aux nouveaux courants éducatifs

À cette époque, on commence à voir proliférer les blogs, sites et autres livres sur les nouveaux modes éducatifs (éducation positive, violences éducatives ordinaires etc…). Bien que je me rende compte de l’incohérence de la plupart des textes, certaines choses sont insidieuses et finissent par nous faire réfléchir. C’est comme si elles s’intègrent en nous sans que nous le voulions.

C’est le tout début des réseaux sociaux. Facebook n’a alors que 2 petites années. Nous ne sommes donc pas encore bombardés par l’information. Ainsi, la pression sur la parentalité n’est pas encore ce qu’elle est devenue aujourd’hui

Mère au foyer en burn out : les événement déclencheurs

En plus de vivre sur un rythme effréné, à courir partout tous les jours sans savoir où donner de la tête, je subis la violence de ma belle-famille et le détachement de ma propre famille. Je suis à ce moment précis en plein deuil du bébé que je viens de perdre. 

Tout l’été, je me suis alors éloignée pour remonter à la surface et respirer un peu. Je me suis laissée chouchouter, avec mes 2 grands, par ma grand-mère ; le pilier de ma vie et mon soutien le plus fort. J’ai pu compter sur elle pour gérer l’intendance des enfants (repas, douche etc) sans me poser de questions. 

Puis je tombe enceinte une nouvelle fois. Du fait de ma précédente expérience, j’ai bien conscience des risques liés à la perte d’un bébé. Malheureusement, je fais une hémorragie à 9 semaines

S’ensuit 3 mois d’angoisse avec le décès de ma grand-mère, qui finalement aura eu tout juste le temps de savoir que j’avais enfin gagné mon combat pour avoir mon bébé et pour lequel elle m’avait tant soutenue. Mais la vie me l’enlève aussi… Même presque 6 ans plus tard, ce n’est encore pas facile de l’accepter et c’est très probablement une des principales raisons de mon effondrement.

Pour ma troisième fille, ma grossesse s’achève avec une mise en travail à 30 semaines soit 11 semaines avant le terme. À cette période, je vais très mal et j’ai des difficultés à m’occuper de mes deux grands de 11 et 7 ans, mais je me bats pour ma fille.

C’est à ce moment-là que mon mari commence à prendre en charge certaines choses à la maison. En ce qui concerne les enfants et les tâches les plus urgentes, je dois dire qu’il s’est démené en parallèle de son boulot. Car ni lui ni moi ne pouvons compter sur nos familles

Ma troisième n’a pas encore 1 an et je commence à me sentir glisser, malgré l’immense bonheur de l’avoir enfin avec nous. Ambivalence encore une fois !

Mon quotidien à 10 000 à l’heure revient chaque jour m’emporter dans son tourbillon. Lorsque ma troisième fille a 20 mois, grosse surprise ! Dans le même mois, je refais une fausse couche puis je tombe enceinte de mon petit quatrième. Nous avons choisi de l’accueillir avec bonheur, malgré le retour en force de la violence verbale de nos proches qui nous traitaient d’irresponsables ! 

Le glissement vers le burn out maternel

Le temps passe, nous voilà 4 à la maison avec un nourrisson, une terrible two, une pré ado et un ado. Je prends alors conscience de ma vie. En fait, je ne vis pas… je survis ! J’avance en mode automatique. Je fais les choses parce qu’il « faut », parce que je « dois ». 

De plus, je ne ressens plus vraiment de joie, je n’ai plus d’envie(s), je me sens éteinte. Et en même temps pleine d’une espèce de rage qui fait que je passe mon temps à crier. La seule chose qui me porte encore c’est ma fusion avec mon dernier bébé. 

En même temps, je me dis que je ne peux pas penser à moi parce que je vais devoir enlever mes œillères. La réalité me rattrape quand je me rends compte que c’est justement parce que je n’ai pas pensé à moi que, là, maintenant, je m’écroule.

Je décide de consulter un premier médecin qui minimise mon état. Je me sens alors seule comme jamais face à mon mal être… et décide donc de laisser tomber ce suivi. Mais je continue de sombrer, ne supporte plus rien et finis par me noyer dans mon quotidien. Mon mal-être se diffuse ensuite dans mon corps. Je souffre de douleurs de plus en plus vives au niveau du trapèze dorsal, des cervicales et du bas du crâne qui irradient très fort dans le bras droit. 

Se sortir du burnout maternel : la prise en charge des mères

Comment cette mère au foyer écrasée par le poids de son quotidien a-t-elle réussi à se relever ?

Trouver du réconfort grâce à d’autres mères en burn out

Un jour, je découvre le lancement du “Village” : le programme créé par Hélène Bonhomme, créatrice des Fabuleuses au Foyer. Je dis à mon mari : « Il faut que je le tente ! Je n’ai plus de solutions. C’est mon dernier espoir ! » 

Ce programme est une révélation. Grâce aux échanges avec les autres mamans, j’apprends que je ne suis pas seule dans cette situation. Je réalise que j’ai le droit de lâcher prise tout comme j’ai le droit de flancher et de dire « ça ne va pas ». Ne pas aller bien ne me rend pas plus faible que les autres. En prenant conscience de cela, je comprends aussi que demander de l’aide n’est pas un signe de faiblesse

Un soir, en pleurs dans mon lit, je prends mon téléphone et ouvre l’application Doctolib en me disant que s’il y a une place chez le docteur le lendemain, c’est le signe qu’elle est pour moi. Et il en avait effectivement une…

Le diagnostic et la prise en charge de mon burn out maternel 

Je me rends au rendez-vous fixé. Le diagnostic de burn out maternel tombe. Je refuse d’abord le traitement qu’elle me propose. Le docteur me laisse d’abord le choix, mais me donne des rendez-vous de suivi toutes les semaines tant qu’il n’y a pas d’amélioration. Elle me propose de me donner les coordonnées d’une psychologue, mais je ne suis pas prête non plus pour ça

Finalement, en constatant que mon état ne s’améliore pas, je me rends à l’évidence : j’ai besoin de cette aide médicamenteuse. Le docteur me rassure, m’explique la durée et les effets etc. Me voilà sous anxiolytiques pour 3 mois maximum avec une phase de diminution avant l’arrêt. 

Le mois suivant, je consulte la psychologue. Elle est dans l’échange et me fait beaucoup avancer. Je me sens mieux. Grâce à elle, j’écoute beaucoup plus mon corps et les signaux qu’il m’envoie. Depuis, j’apprends à relativiser et à prendre de la distance vis-à-vis de certaines situations et de certaines réflexions ou jugements. 

À l’heure actuelle, je ne suis pas encore complètement guérie. Ça reste fragile. Je sais qu’il y a encore des failles, mais je commence à mieux savoir comment les gérer. Voilà, les choses avancent. Doucement. On aimerait que ça aille plus vite, mais sortir du burn out maternel vous apprend la patience

Et puis, ma descente vers le burn out maternel a été longue et insidieuse… Finalement ce n’est pas un surmenage ponctuel tel qu’une charge de travail augmentée durant quelques semaines… Le burn out maternel est très sournois. Et ça n’aide pas à prendre conscience de notre état assez tôt et donc de consulter assez tôt.

Le message d’espoir d’une mère au foyer

Le témoignage de cette mère au foyer met en lumière quelques dimensions clés du burn out parental : l’épuisement physique et émotionnel, la distanciation émotionnelle et la perte d’épanouissement. Cette histoire démontre encore que le burn out maternel touche les mères investies dans leur rôle, celles qui se donnent corps et âme pour leurs enfants

À force de vouloir donner le meilleur tout le temps et s’oublier elles-mêmes, elles se retrouvent en perte d’équilibre entre leurs ressources et ce que leur rôle de mère leur demande.

Par sa résilience et son courage, cette mère au foyer montre qu’il est possible de se relever d’un burn out maternel. Elle nous rappelle aussi qu’avant de s’occuper des autres, il est essentiel de prendre soin de soi. Trop souvent les mères attendent de toucher le fond pour demander de l’aide. Si vous vous posez la question, c’est que vous avez déjà pris conscience que quelque chose ne va pas… Alors n’attendez plus pour consulter. 

Merci à Sabrina de nous avoir partagé son témoignage touchant et sans filtres sur sa vie de mère. 

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1 Commentaire

  1. Barrat

    Ce témoignage me parle! Notament concernant les symptômes physiques !!

    Réponse

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